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Fact-Checking

[Vérification] – Pas de preuve que Bassirou Diomaye Faye a tourné « le dos à la Cédéao » et répondu « sèchement à Bola Tinubu lors de sa visite au Mali » (par Tama Média)

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Sadio mané

Cet article a été rédigé par Sagaïdou Bilal et publié par l’équipe de Tama Média

Le 30 mai 2024, le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye était en visite au Mali et au Burkina Faso, deux pays membres fondateurs de l’Alliance des États du Sahel (AES) et dirigés par des officiers militaires à la suite de coups d’État. Dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook et sa chaîne YouTube qu’il monétise, un activiste et musicien très suivi a prétendu que : le chef de l’État du Sénégal a été chargé par son homologue nigérian Bola Tinubu, non moins président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, de « rapprocher les pays de l’AES » et « la Cédéao ». Mais, selon l’influenceur, « Bassirou Diomaye Faye tourne le dos à la Cédéao et répond sèchement à Bola Tinubu lors de sa visite au Mali ».

Nous avons vérifié ces déclarations de l’activiste et musicien « État d’urgence ». Au contraire, Bassirou Diomaye Faye a formellement déclaré n’avoir été « mandaté par aucune instance, ni par la Cédéao ni par l’AES ». Dans ses prises de parole à Bamako et à Ouagadougou, le nouveau président du Sénégal défend l’existence de la Cédéao, même s’il estime que l’institution a besoin d’être réformée. Mais il ne défend pas un éclatement ou l’abandon de la Cédéao.

Pourquoi la déclaration de l’influenceur « État d’urgence » est fausse ? Lisez notre investigation.

La vidéo de dix minutes et quelques secondes est la cinquième publication faite le 30 mai 2024 par la page Facebook « État d’urgence », suivie par 125.000 followers et active depuis le 17 septembre 2020. Postée à 19h7mns (temps universel), la vidéo a été visionnée plus de 21.000 fois. Elle a généré également au moins 280 commentaires, 426 pages et plus de 1500 autres réactions. Après sa publication sur le réseau social Facebook, son auteur l’a diffusée le lendemain (31 mai) sur sa chaîne YouTube, du même nom, où elle a cumulé plus de 1.350 vues.

« (Sic), la PR du Sénégal Bassirou Diomaye Faye tourne le dos à la CEDEAO et répond sèchement à Bola Tinubu lors de sa visite au Mali. ça fait froid au dos », a-t-il écrit en légende sur les deux plateformes numériques susmentionnées, non sans faire du lapsus calami (fautes commises en écrivant). Dans la vidéo tournée face caméra, l’on aperçoit un homme au teint clair et habillé en chemise blanche, manche longue.

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Il s’adresse en français à son audience : « C’est un président digne. C’est ce genre de personnes (dont) l’Afrique a besoin. Vous savez qu’aujourd’hui, 30 mai, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye est en visite (au) Mali, dans les pays de l’AES Sahel (sic). Incessamment (récemment ?), il (a) été (au) Nigeria dans (le cadre de) sa tournée de collaboration, de courtoisie, d’amitié dans les pays membres de toute l’Afrique de l’Ouest (sic), dans la sous-région. (Bola) Tinubu (…) l’avait (lire lui avait) confié une mission de rapprocher les pays de l’AES (et) la Cédéao. Il n’a pas parlé, ce monsieur est resté bouche bée, il n’a pas répondu. Il a fini sa visite. Et le titre (sic) de sa visite parle beaucoup (…). Chères dames et demoiselles, la réponse qu’il vient d’envoyer à la Cédéao et ses maîtres, non, c’est une réponse féroce. C’est une réponse digne d’un fils d’Afrique. Ça, c’est une réponse de Patrice Lumumba. Oui, voilà ce que les enfants d’Afrique sont en train de faire. »

Localisation de la page à Agadir, au Maroc

La page Facebook est localisée, selon la transparence dudit réseau social, dans la ville d’Agadir, à l’Ouest du Maroc. Elle est placée dans la catégorie « artiste ». Elle n’a pas encore connu de modification de nom selon la transparence de la page. Mais, en faisant un copier-coller du lien de la page, on peut lire dans l’url « urgence world ». (https://www.facebook.com/urgenceworld?mibextid=ZbWKwL).

Ce qui veut dire que la page a été initialement créée sous le nom « urgence world » avant de prendre celui d’« État d’urgence ». En regardant aussi certaines anciennes vidéos de la chaîne YouTube, diffusées il y a 3 ans, en 2021, il s’avère que le nommé « État D’urgence » est au départ un musicien produisant des chansons d’amour que nous avons également retrouvées sur d’autres plateformes de streaming musical, notamment le service de musique en ligne Spotify. Les clips vidéos ont été aussi partagés sur son compte X (ex-Twitter) : @durgence3_tat) où il est suivi par 2.144 abonnés contre 4.675 abonnements.

Ce compte X a cessé d’être alimenté depuis le 21 décembre 2021, trois mois environ après sa création (en septembre). À l’analyse de ses comptes sur ces différentes plateformes digitales, il ressort qu’il s’agit donc d’un artiste musicien comme mentionné sur sa page Facebook.

Mais le champ de ses activités a été visiblement élargi, créant ainsi des contenus sensationnels sur l’actualité africaine et internationale notamment la guerre russo-ukrainienne ainsi que la situation sociopolitique au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Donc, un créateur de contenus basés sur le sensationnel, avec une possible manne financière derrière comme l’indique la fonctionnalité « Étoiles » activée sur ses publications.

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Meta, la maison mère de Facebook, explique : « Les Étoiles Facebook sont une fonctionnalité qui permet aux spectateurs et spectatrices d’indiquer qu’ils et elles apprécient votre contenu. Dans certains cas, les Étoiles peuvent être monétisées par des Creators éligibles. Les spectateurs et les spectatrices peuvent acheter des Étoiles et vous les envoyer sur vos reels, vos vidéos, vos diffusions en direct, vos publications photo et vos publications texte pour lesquels les Étoiles sont activées. Pour chaque Étoile reçue, Meta vous paie 0,01 USD (environ 5 franc CFA) si vous répondez aux critères d’éligibilité du programme et que vous avez configuré vos informations de paiement. Si vous ne répondez pas aux critères d’éligibilité du programme, vous pouvez cependant recevoir des Étoiles et des cadeaux de la part de vos fans. »

Ces explications sont contenues dans un blog consultable sur un site francophone du groupe, dirigé par le milliardaire américain Mark Zuckerberg, intitulé « Comment configurer les Étoiles Facebook sur ordinateur ». Mieux, le créateur de contenus lui-même invite sans cesse et subtilement sa communauté à réagir à ses publications, pour, dit-il, s’ « acquitter humblement de (leurs) droits de contribution (sic) à la réalisation de cette vidéo-conférence » et pour la « sécuriser »,  notamment en partageant et en commentant « au maximum » sous prétexte « qu’en famille, plus on est solidaire, plus nous allons plus loin, plus l’ennemi recule ». Car, justifie-t-il, « nous avons beaucoup d’ennemis » et « ça ne leur plaît pas » que « nous relayons ce genre d’informations ».

Les réactions et commentaires des internautes

« En tout cas, la fameuse Cédéao (est) dirigée par (le président français Emmanuel) Macron. L’AES ne retourne pas, parce que la Cédéao est très bien dirigée par Macron.  Ceux qui se disent dirigeants de la Cédéao ne peuvent pas proposer ni décider sans accord de macroni, (alors que) l’Afrique a besoin de paix, (de) sécurité, (de) stabilité et (de) bonheur », a réagi ironiquement cet internaute malien « Matiéré Diarra ».

« Le Sénégal cherche à rejoindre l’AES et toi, Tinubu, tu veux que le président du Sénégal soit le médiateur entre l’AES et la Cédéao afin de les rapprocher. C’est peine perdue, monsieur le danseur et dormeur. Tu as reçu ta dose depuis le Mali. », a ajouté un autre identifié sous le nom d’utilisateur « Maïga Moussa Maïga », établi à Abidjan (Côte d’Ivoire) d’où il se revendique selon les renseignements de son compte.

« Non, le président sénégalais (a) réaffirmé son intention de voir la Cédéao améliorer son rôle dans la sous-région. Il faut bien vérifier tes informations avant d’en (parler). C’est une suggestion, frère. », a tenté de le contredire Thierry Beoby (Tity), un autre internaute localisé en Côte d’Ivoire.

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Nos méthodes utilisées pour faire une vérification avancée

Pour vérifier l’exactitude des déclarations douteuses du compte « État d’urgence », nous avons effectué de nombreuses recherches avancées en sources ouvertes et consulté les canaux numériques des services en charge de la communication des présidences du Sénégal, du Mali et du Burkina.

« Avec son homologue le colonel (Assimi Goïta) @GoitaAssimi, président de la transition, ils ont passé en revue la coopération bilatérale entre les deux pays et discuté de questions d’intégration », a indiqué sur X (ex-Twitter) la présidence sénégalaise. Sur le même réseau social racheté par le milliardaire américain Elon Musk, le président de transition au Mali, le colonel Assimi Goïta a de son côté qualifié ces échanges d’« entretien très fructueux » avec son « frère » sénégalais « en visite d’amitié et de travail au Mali », le jeudi 30 mai 2024.

« Nous ne pouvons pas nous résigner à observer un outil d’intégration qui est formidable dans sa conception, dans les résultats qu’il nous a valu, et qui a été cité en exemple, se désintégrer sans rien faire », Bassirou Diomaye Faye

Sur sa page Facebook, la présidence malienne a publié une vidéo (9mns53s), le 31 mai, revenant sur les temps forts de la visite. Dans sa prise de parole, face aux journalistes, Bassirou Diomaye Faye a d’entrée expliqué les motifs de cette rencontre qui, dit-il, s’inscrivent dans le cadre de la continuité des relations historiques entre les deux pays, qui formaient la Fédération du Mali avant son éclatement en 1960.

« Le Sénégal partage avec le Mali une histoire unique, qui part d’avant les indépendances jusqu’à la Fédération du Mali. Je suis venu dans le cadre de la continuité de ces relations, que nous voulons renforcer sur les plans diplomatique, commercial (et) de la concertation pour la prise en charge de tous les défis que nous partageons en commun, à savoir : le terrorisme, la lutte contre le trafic illicite notamment la traite d’êtres humains, le trafic de drogue, mais aussi la lutte contre la criminalité transfrontalière, de façon générale », a-t-il déclaré aux côtés du colonel Assimi Goïta, son hôte. « Nous avons d’autres défis, que nous devons relever ensemble, (tels que) les défis écologiques au niveau de la Falémé », a poursuivi le cinquième chef de l’État du Sénégal.

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La Falémé, d’après un article du Center Investigative for Collaborative Journalism (CICJ), publié le 6 octobre 2020, « arrose 12 communes de Guinée, du Mali et du Sénégal et (c’est la) principale réserve d’eau pour les populations du Sénégal oriental et leur bétail (mais elle) est mise en péril par l’orpaillage ».

L’Inspecteur sénégalais des Impôts et des Domaines, nouvellement élu à la magistrature suprême avec un score de 54,28 %, poursuit : « Ceux qui ont suivi mes déplacements dans les différents pays de la Cédéao m’ont entendu prêcher cette bonne parole. Je me suis évertué à en échanger longuement avec le colonel (Assimi Goïta). De mon point de vue, nous pensons que nous devons continuer à travailler avec toutes les parties prenantes, ne pas se décourager de trouver des issues heureuses qui nous permettent de renforcer l’intégration, soit en passant par la coopération bilatérale, (soit) en essayant de corriger les imperfections que nous avons notées dans la coopération multilatérale – notamment dans les instances sous-régionales et régionales, qui nous ont valu cette situation regrettable que nous vivons.  Mais nous ne pouvons pas nous résigner à observer un outil d’intégration qui est formidable dans sa conception, dans les résultats qu’il nous a valu, et qui a été cité en exemple, se désintégrer sans rien faire. »

Reconnaissant qu’« il y a eu beaucoup de péripéties », il estime que :  « c’est justement parce que nous comprenons cela que nous devons pouvoir bâtir sur ces socles-là et repartir sur des bases nouvelles de coopération et d’intégration, quelle que soit l’échelle qui nous permet déjà de tirer les enseignements de ce que nous sommes en train de vivre, mais aussi de travailler à ne plus avoir à adresser ces nombreuses problématiques que ce soit pour les générations actuelles que pour les générations futures. »

Bassirou Diomaye Faye a-t-il été mandaté par la Cédéao ?

Sadio mané
Visite de travail à Abuja du président sénégalais – ©️ @PR_Senegal (X)

Interrogé en voix off, dans la vidéo de la présidence malienne, par la journaliste Sira Bathily de la télévision nationale malienne (ORTM1), sur ce qu’il pense de l’AES et s’il plaide « la cause de la Cédéao auprès du Mali », Bassirou Diakhar Diomaye Faye précise : « J’ai déjà plaidé la cause de l’intégration africaine de façon générale. Elle part de l’existant à savoir la Cédéao qui est aujourd’hui certainement très mal malmenée. Mais nous ne devons pas nous résigner et dire que nous ne pouvons plus rien faire. Il y a des difficultés, il faut parler aux uns et aux autres, et les comprendre : à partir du niveau de compréhension et des écarts des positions, voir ce qu’il est possible de bâtir à partir du socle qui est existant.»

Autre question : a-t-il été mandaté comme le prétend la publication objet de ce fact-checking ? « Je rectifierai toujours pour dire que je ne suis pas du tout médiateur de la Cédéao. Je ne suis mandaté par aucune instance de la Cédéao. Je n’ai jamais siégé à aucune réunion de la Cédéao.  J’ai été récemment élu. Je suis dans un parcours de prise de contact, plutôt de salutation et de remerciement. Comme vous le savez, le colonel (Assimi) Goïta a envoyé une délégation (conduite par le président du Conseil national de transition, le colonel Malick Diaw, NDLR) lors de ma prestation de serment. C’est juste dans le cadre de ces périples de remerciement, de prise de contact, de renforcement de la coopération bilatérale entre le Sénégal et les pays que je visite, que j’adresse aussi la question des relations multilatérales avec tous les pays puisque nous mettons l’intégration africaine comme un point important de notre mandat. », rectifie-t-il.

Pour rappel, dans son discours d’investiture, il a réaffirmé « l’engagement du Sénégal à renforcer les efforts déployés pour la paix, la sécurité, la stabilité et l’intégration africaine ». Et cela, avec ses « pairs africains ». S’adressant « aux pays amis et partenaires », il a également réitéré « l’engagement et l’ouverture du Sénégal à des échanges respectueux de notre souveraineté, conformes aux aspirations de notre peuple dans un partenariat mutuellement gagnant ».

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« J’en profite pour en discuter avec les pays visités mais je ne suis mandaté par aucune instance, ni par la Cédéao ni par l’AES d’ailleurs. Nous avons un héritage des pères fondateurs qui ont eu une vision qui a été très certainement secouée, qui a été mise à rude épreuve, mais que nous avons aussi la responsabilité de transmettre intacte ou en meilleur état », rappelle-t-il dans sa prise de parole à Koulouba, le palais présidentiel du Mali. Saluant au passage « la posture de bravoure et de dignité du peuple malien qui, face aux difficultés qui ont été notées sur le plan sécuritaire et par rapport aux sanctions qui ont été infligées, a tenu à garder une ligne directrice qu’il a essayée de faire partager pour qu’elle soit comprise et qui a su se relever ».

Le Sénégal rejoindra-t-il l’Alliance des États du Sahel ?

La journaliste de la télévision nationale malienne a également posé une question sur l’éventualité pour le Sénégal d’adhérer à l’Alliance des États du Sahel, en ces termes : « Est-ce possible de voir le Sénégal dans l’AES ? »

Et Bassirou Diomaye Faye de répondre clairement que ce n’est pas à l’ordre du jour : « Le Sénégal n’est pas à l’étude de rejoindre un ensemble quel qu’il soit.  Ce que nous sommes en train de renforcer, c’est qu’avec le Mali, par exemple, nous avons une frontière commune, une histoire commune avec la Fédération du Mali (…)  et surtout des enjeux à adresser ensemble sur le plan sécuritaire, mais surtout une coopération sur le plan des échanges à renforcer. Nous avons aussi une solidarité, une fraternité à exprimer au peuple malien et aux leaders du gouvernement malien pour leur dire que nous sommes à leurs côtés par rapport à la phase difficile qu’ils sont en train de traverser. » Pour terminer, « j’ai été beaucoup agréablement surpris par rapport aux positions maliennes sur le plan de renforcement de ces coopérations bilatérales ».

La conclusion des Vérificateurs de Tama Média

Depuis sa prestation de serment de président de la République, le 02 avril 2024, Bassirou Diomaye Faye multiplie les déplacements à l’intérieur (Touba, Tivaouane, Thiès-M’bour – site de M’bour 4, Popenguine,  Tambacounda, Cap-Skiring, Bignona, arrêt à Ziguinchor lors de son retour de Bignona, etc.); et à l’extérieur dans le cadre du renforcement des relations bilatérales et multilatérales de son pays.

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Au moment de la rédaction de cet article, nous avons comptabilisé une dizaine de ses sorties officielles hors du pays : Mauritanie (18 avril 2024), Gambie (20 avril 2024 pour une visite d’amitié et de travail puis pour participer au quinzième Sommet de l’Organisation de Coopération Islamique (OCI) tenu à Banjul les 4 et 5 mai 2024), Guinée-Bissau (30 avril), Côte d’Ivoire (7 mai 2024), Nigeria et Ghana (16 et 17 mai 2024), Cap-Vert et République de Guinée (24 et 25 mai 2024), Mali et Burkina Faso (30 mai 2024).

Outre ces déplacements, le nouveau président sénégalais a reçu, entre autres, en hôte le président du Conseil européen Charles Michel (fin avril), le ministre malaisien des Affaires étrangères Dato’ Seri Utama Haji Mohamad bin Haji Hasan (6 mai), le président rwandais Paul Kagamé qui a effectué un séjour de 48h à Dakar (11 et 12 mai) et le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf (23 mai).

L’activiste « État d’urgence » a affirmé que, lors de sa visite à Abuja, au Nigeria, le président Bola Tinubu a « confié » à son homologue sénégalais « une mission de rapprocher les pays de l’AES » et « la Cédéao », mais ce dernier ne lui « a pas répondu ». « Lors de leurs entretiens, les deux Chefs d’État ont passé en revue la coopération entre les deux pays et ont également échangé sur la situation dans la sous-région ouest-africaine », a indiqué la présidence sénégalaise sur ses réseaux sociaux sans donner plus de détails.

Pour en savoir plus, nous avons consulté le compte X (ex-Twitter) de Bola Tinubu. « Hier (16 mai 2024), j’ai accueilli le président sénégalais Bassirou Faye au palais présidentiel et l’ai félicité pour sa récente investiture, qui a encore renforcé la démocratie constitutionnelle dans la région de l’Afrique de l’Ouest. Ensemble, nous avons réaffirmé notre engagement commun à façonner une Afrique de l’Ouest résiliente, démocratique, économiquement forte et libérée de la terreur – une Afrique où nos efforts collectifs renforcent la dignité et la sécurité de tous les habitants de l’Afrique de l’Ouest. », a partagé en anglais le chef de l’État nigérian élu le 29 mai 2023. « Nous ne permettrons pas qu’il y ait coup d’État sur coup d’État », avait-il déclaré après son arrivée au pouvoir, le 9 juillet 2023 lors de son premier sommet de Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.

Bien que Bassirou Diomaye Faye se montre fondamentalement attaché à l’intégration africaine et sous-régionale, il s’est formellement défendu à Bamako d’avoir été « mandaté par aucune instance, ni par la Cédéao ni par l’AES ». Dans ses prises de parole à l’occasion de ses visites au Mali et au Burkina Faso, le 30 mai 2024, il a défendu l’existence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest tout en reconnaissant que c’est une institution communautaire qui a besoin d’être réformée.

Donc, on peut conclure que l’activiste et musicien « État d’urgence », qui monétise ses plateformes digitales comme l’indique la fonctionnalité Étoiles de Facebook sur ses publications, a tout faux dans ses propos. Les recherches avancées réalisées pour éventuellement déterminer avec certitude sa nationalité et son nom à l’état civil, notamment sur les moteurs de recherche Google et Bing à partir de celui d’artiste devenu activiste et des titres de ses chansons comme mots-clés, n’ont pas été concluantes.

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La Rédaction de Tama média


Cette production a été réalisée avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre du projet « Jumelage entre initiatives francophones de lutte contre la désinformation ».

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[Vérification] – Attention, cette offre d’argent prétendue de « la femme de Sadio Mané » est une arnaque

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Sadio mané

Une page sur Facebook escroque des utilisateurs en se faisant passer pour la femme de Sadio Mané et en leur promettant de l’argent. Nous vous démontrons son procédé. Ne tombez pas dans le piège !

Au Sénégal, la rentrée scolaire pour l’année 2024-2025 est prévue ce jeudi 3 octobre pour le personnel enseignant et le 7 octobre pour les élèves. 

Dans ce contexte, des arnaqueurs profitent de cette période pour escroquer les personnes. Par exemple, une page sur Facebook, Aïcha tamba officiel de sadio mané, prétend être celle de l’épouse de Sadio Mané, la star du football sénégalais. Cette page a publié des dizaines de messages affirmant vouloir aider financièrement les gens, en particulier pendant cette période de rentrée scolaire.

Le 10 septembre, la page a publié des photos de l’épouse du joueur, accompagnées de la légende suivante : « La rentrée veux commencer écrire pour aider 800.000 pour chacun si tu es intéressé écrire mois en message je suis là inchallah 🙏🏻 pour 18 premier personne (Sic) ». La publication a été partagée plus de 600 fois et de nombreuses personnes ont manifesté leur intérêt pour cette aide.

La plupart des publications de la page invite les utilisateurs à cliquer sur un lien qui les redirige vers la messagerie de Facebook Messenger.

Nous nous sommes prêtés au jeu afin de vous démontrer en quoi ce type de pages sont des arnaques et pourquoi vous devez vous en méfier. 

Sadio mané

Fraude

Les informations sur la page incriminée indiquent qu’elle a été créée le 2 août 2024. Aucun numéro de téléphone n’a été fourni, et elle est simplement décrite comme une création digitale.

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Des messages mal rédigés
Les arnaques se caractérisent souvent par une écriture, une orthographe et une grammaire médiocres. Ce texte, « La rentrée veux commencer écrire pour aider 800.000 pour chacun si tu es intéressé écrire mois en message je suis là inchallah 🙏🏻 pour 18 premierpersonne », en est un exemple révélateur, truffé de fautes. 

En parcourant les publications de la page, nous avons trouvé que la publication en date du 10 septembre a suscité beaucoup d’intérêt. 

Dans les commentaires, de nombreuses personnes manifestent leur intérêt pour l’aide prétendue de l’épouse de Sadio Mané. Toutefois, c’est une autre page qui répond aux intéressés, leur demandant de les contacter sur WhatsApp pour plus d’informations : « Adoukè Niaki Merci d’avoir nous contacter.pour plus d’informations veuillez nous envoyer message sur WhatsApp 👉 :+225 07 02 24 39 20 ». Il s’agit d’un numéro venant de la Côte d’Ivoire. Grâce à truecaller nous avons appris que le contact est enregistré ainsi « Demande de prêt en ligne ».

Sadio mané
Sadio mané

Pour obtenir des informations supplémentaires sur cette offre, nous avons décidé de nous faire passer pour des utilisateurs crédules en contactant la page via Messenger. Notre interlocuteur prétend être l’épouse de Sadio Mané et nous annonce qu’il peut nous aider financièrement pour nos projets. Il nous demande ensuite s’il peut nous faire confiance.

Sadio mané
Sadio mané

Après avoir acquiescé, il nous envoie immédiatement le numéro de téléphone de son supposé gestionnaire de compte sur WhatsApp, un numéro provenant du Bénin (002250502390834). Par la suite, il nous explique que pour bénéficier de cette aide, nous devrons au préalable payer les frais de déblocage de notre transfert. « Par rapport à mon aide je prends l’engagement de t’aider avec une somme de 800.000f et tu vas pouvoir démarrer avec ce peu. Avec le temps je verrai quoi faire mais garde bien ta bouche 🙊 et ne dire rien a personne car pour toi c’est une chance . J’ai informé la direction de l’Ecobank pour qu’il puisse t’effectuer le transfert. Mais ils vont te demander les frais de déblocage  de ton transfert donc tu es en charge toi même pour ces frais. Si tu es d’accord je vais t’envoyer le WhatsApp de mon banquier et tu vas l’envoyer un message sur WhatsApp pour suivre les instructions (Sic)».

Sadio mané

Sur WhatsApp, le contact est enregistré sous le nom de « Directeur Ecobank ». Nous avons envoyé un message au nom de la soi-disant épouse de Sadio Mané. En réponse, on nous a informés que pour bénéficier de cette aide, il fallait d’abord fournir des informations personnelles : nom, prénom, pays, profession, numéro de téléphone et photo d’identité. 

Suite à notre discussion, nous avons décidé de faire des recherches sur le numéro du soi-disant gestionnaire sur TrueCaller. Nous avons appris qu’il est enregistré au nom d’un certain Bonn et qu’il est localisé en Côte d’Ivoire.

Sadio mané

Par ailleurs, nous avons également effectué des recherches sur le directeur d’Ecobank. Ecobank est une structure qui dispose d’un directeur général qui est Jeremy Awori ainsi que de directeurs dans chaque pays. 

Dans le cas de cette arnaque, la personne avec qui nous avons discuté sur WhatsApp a usurpé la photo du directeur d’Ecobank Côte d’Ivoire Paul-Harry Aithnard pour l’utiliser sur son profil WhatsApp.

Sadio mané

Après un certain temps sans réponse de notre part, la personne a appelé pour demander pourquoi nous n’avions pas encore rempli le formulaire, nous avons prétexté un problème de connexion. Cependant, elle a menacé de nous retirer du programme si nous ne complétions pas rapidement le formulaire. Ce que nous n’avons pas fait évidemment.

Conclusion 

Cette offre d’aide financière attribuée à l’épouse de Sadio Mané est une arnaque. Elle exploite la notoriété du footballeur sénégalais pour tromper des utilisateurs crédules. La page frauduleuse, créée récemment, utilise des messages mal rédigés pour susciter l’intérêt, notamment en cette période de rentrée scolaire. Les victimes sont ensuite dirigées vers des escrocs se faisant passer pour des gestionnaires de comptes bancaires, qui demandent des frais de déblocage de transfert et des informations personnelles. Cette technique, courante dans les fraudes en ligne, vise à extorquer de l’argent et des données sensibles, nécessitant la vigilance des internautes.

Fatoumata Bintou Ba

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Cette production a été réalisée avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre du projet « Jumelage entre initiatives francophones de lutte contre la désinformation ».

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