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“La laïcité, un tabou étranger à notre culture” par Pr Mary Teuw Niane
« Dans nos tropiques africains francophones, la laïcité est la plus grande arnaque politique, sociale et culturelle que les pères fondateurs de notre constitution nous ont léguée ».

Publié
il y a 9 moisle
Par
Sétanal Média
« La République du Sénégal est laïque , … » sont les premiers mots de l’Article Premier de notre Constitution.
Depuis plus d’un demi siècle, nous acceptons comme une évidence, une vérité absolue, une vérité universelle, cette assertion que peu de personnes ont osé questionner, encore moins remis en cause.
Seuls quelques religieux, très rapidement rangés dans l’extrémisme religieux, ont élevé leurs voix pour demander la suppression de l’inscription de la laïcité dans notre constitution.
Le temps, l’habitude et les leçons apprises à l’école élémentaire ont fait faussement de la laïcité une évidence, presque une identité sénégalaise.
Les intellectuels de ce pays se taisent par ignorance ou s’autocensurent face à cet immense tabou qui les dépasse.
Une minorité agissante de nos élites s’alignent sur les positions des puissantes forces de l’ombre qu’ils pensent contrôler, en grande partie, les carrières et les rayonnements internationaux dont ils aspirent .
Face à la crise culturelle, idéologique et à la crise des valeurs qui minent notre société, il incombe à chaque sénégalaise et à chaque sénégalais de faire un diagnostique courageux de notre société et de tout ce qui la structure pour mettre en évidence les causes du mal et les moyens de le conjurer.
Depuis plusieurs publications j’assume mon devoir d’inventaire critique.
Je découvre, au fur et à mesure que j’avance dans mes recherches, d’ailleurs souvent avec beaucoup de surprise, des conceptions, des idées et des pratiques, naturellement acceptées unanimement, qui, en réalité, n’étaient pas si évidentes, si naturelles et encore moins universelles.
Le transfert de l’universalisme des lois de la nature notamment de la physique aux sociétés, aux cultures et aux relations internationales est la plus grande supercherie du vingtième siècle et de ce premier quart du vingt unième siècle.
Dans nos tropiques africains francophones, la laïcité est la plus grande arnaque politique, sociale et culturelle que les pères fondateurs de notre constitution nous ont léguée.
Ces mots durs vont choquer beaucoup de consciences innocentes mal préparées, comme moi il y a quelques années.
Ils vont penser que j’ai perdu la tête. Il y aura des intellectuels bien pensants, gardiens des temples invisibles de notre déperdition et de notre désintégration culturelle et morale qui prendront la parole pour tenter de m’anéantir intellectuellement et, certains moralement.
Comme Archimède avec la poussée de l’eau, comme Galilée avec la terre qui tourne autour du Soleil, comme Newton avec la loi fondamentale de la dynamique, comme Einstein avec la relativité restreinte, comme Cheikh Anta DIOP avec l’origine nègre de la civilisation égyptienne pharaonique, il faut reconnaître que la laïcité est une exception française qui ne s’applique même pas sur tout le territoire français.
En effet sur les vingt-sept (27) pays de l’Union Européenne (UE), la France est le seul pays qui a inscrit le principe de la laïcité dans sa constitution.
Le principe de la séparation des Églises et de l’État n’est inscrit que dans la constitution de huit (8) pays au niveau de l’Union Européenne : Hongrie, Lettonie, Portugal, Tchéquie, Slovaquie, Slovénie, Suède et France.
L’UE compte six (6) pays qui ont dans leur constitution le principe de la Religion d’État: Danemark, Finlande, Norvège, Grande Bretagne, Malte.
Ainsi, en Europe, le principe de la laïcité est une exception française.
En Afrique et dans le Monde, le principe de la laïcité est quasiment inconnu à moins d’être étudié comme un des principes produit par la révolution française de 1789, fondamentalement anticléricale.
En France même, le principe de la laïcité n’est pas universel.
En effet les régions de l‘Alsace et de la Moselle sont sous le régime du Concordat.
Ainsi dans ces régions la religion est enseignée au primaire et au collège à tous les élèves sauf à ceux dont les parents ont demandé une dispense en début d’année scolaire.
L’Université de Strasbourg a une Faculté de théologie catholique et une Faculté de théologie protestante, l’Université de Lorraine à Metz a dans son Unité de Formation et de Recherche Sciences humaines et Arts un département de théologie avec deux parcours théologie catholique et pédagogie religieuse.
Les diplômes délivrés dans les études religieuses par ces universités sont des diplômes d’État au même titre que leurs autres diplômes.
Les ministres du culte de ces deux régions (diacres, prêtres, évêques, pasteurs, pasteurs calvinistes et luthériens, rabbins) sont rémunérés par l’État français.
Les Évêques de Metz et de Strasbourg sont nommés par décret du Président de la République française et rémunérés par l’État français.
Comment comprendre qu’un pays comme le Sénégal, qui a une culture religieuse profondément enracinée dans la société et la culture, puisse inscrire dans sa constitution un principe anticlérical, adopté dans un infime nombre de pays, qui n’est même universel dans son pays d’origine.
L’inscription du principe de la laïcité dans la Constitution de notre pays est une grave anomalie, une supercherie et un affichage pour plaire à certaines forces occultes qui en font un de leurs cheval de bataille.
C’est aussi et surtout le moyen invisible de couper le cordon ombilical des religions avec notre société. Ceci malgré le fait que la religion joue un rôle fondamental dans la formation de notre jeunesse et la construction de sa personnalité.
Les pouvoirs qui se sont succédé, consciemment ou inconsciemment, ont été de vrais tartuffes, souteneurs des communautés religieuses au niveau national et agitateurs du drapeau de la séparation de l’État avec les religions dans les conclaves où il est de bon ton d’assumer la laïcité de l’État.
Pour restaurer nos meilleures valeurs de culture, contribuer au redressement moral de notre société, affirmer notre identité et notre confiance en soi, le principe de la laïcité devra être enlevé de la Constitution.
La laïcité devra être remplacée par exemple par:« l’État devra accompagner les sénégalais dans la connaissance et l’exercice de leurs religions et il devra aussi assurer un égal traitement des sénégalais par rapport à leurs religions ».
Sur le chemin de la reconquête de notre identité, de nos meilleures valeurs morales et culturelles, les religions occupent une place primordiale.
Dakar, mercredi 14 septembre 2022
Mary Teuw Niane

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Edito Commun – Le monstre trahit encore son serment

Publié
il y a 7 moisle
14 novembre 2022Par
Sétanal Média
Sur une chaîne de télévision française en octobre 2015, Macky Sall, alors président de la République depuis 3 ans et demi, prenait l’engagement solennel suivant : « Vous ne verrez jamais au Sénégal pendant ma gouvernance, un journaliste mis en prison pour délit de presse. Les journalistes n’ont aucun risque au Sénégal. Ça, je le dis très clairement et je ne serai pas démenti. » « Si j’étais Pape Alé Niang, j’aurais publié l’information car c’est une information d’intérêt public. Dans la charte des journalistes du Sénégal, le premier point, c’est l’intérêt public ». Dixit Mamadou Thior, président sortant du CORED. #LibérezPAN pic.twitter.com/Q7U2sE3IGj— Ayoba FAYE (@autruicomoi) November 11, 2022
Sept ans plus tard, précisément le 9 novembre 2022, le journaliste Pape Alé Niang, directeur du site d’informations Dakarmatin.com, est raflé puis jeté en prison pour des… délits de presse. Rattrapé par l’histoire, le Président Macky Sall a bel et bien été démenti par ses propres services. En effet, c’est le procureur de la République, le bras judiciaire tout-puissant du pouvoir politique, qui a fixé les réquisitions ayant précipité l’emprisonnement de notre confrère à la prison de Sébikhotane.
On ne se consolera pas de constater que ce n’est pas la première fois que le Président Sall est pris en flagrant délit de violation de ses propres engagements devant le peuple sénégalais et même devant la Communauté internationale. Mais l’agression du 9-novembre contre la presse sénégalaise qui aboutit à priver de liberté un journaliste dans l’exercice de ses fonctions est autrement plus grave. Il s’agit d’une atteinte délibérée et intolérable aux droits sacrés et inaliénables que la Constitution du Sénégal, la Déclaration universelle des droits de l’homme et des Chartes internationales comme celle de Munich reconnaissent expressément à ceux et celles qui exercent le métier de journaliste. C’est clairement inacceptable !
Sénégal : l’arrestation d’un journaliste n’est jamais bon signe. C’est s’en prendre à la liberté d’enquêter de la presse dont le devoir est de révéler les faits d’intérêt public que les pouvoirs cachent à leurs concitoyens.https://t.co/SfjeJ0PaRB— Edwy Plenel (@edwyplenel) November 6, 2022
L’arrestation de Pape Alé Niang en pleine rue alors qu’il vaquait à ses occupations – violence symbolique – et la diligence avec laquelle il a été privé de liberté est une opération politique kamikaze. Son but ultime est, au pire, de neutraliser les plumes et voix encore attirées par le réflexe professionnel de fouiner dans les placards à cafards des détenteurs de responsabilités publiques, au minimum de susciter une épidémie d’autocensures et de renoncements dans les rangs de notre profession. C’est inenvisageable ! Cette tentative d’assignation à résidence du journalisme de qualité entre les geôles de la médiocrité et les souterrains pénitenciers de la révérence est un mépris et une insulte à l’endroit de tous ceux qui ont fait le serment d’informer vrai en toutes circonstances.
Dans son ouvrage « La valeur de l’information », Edwy Plenel, directeur co-fondateur de Mediapart, identifie « deux éléments décisifs » qui donnent sens au journalisme : « L’obligation envers la vérité et la loyauté vis-à-vis du public. » Au regard de cela, Pape Alé Niang doit-il rester encore en prison ? NON ! 🔴 𝐃𝐄́𝐂𝐋𝐀𝐑𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 – 𝐒𝐨𝐮𝐭𝐢𝐞𝐧 𝐚𝐮 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐏𝐚𝐩𝐞 𝐀𝐥𝐞́ 𝐍𝐢𝐚𝐧𝐠 – 𝐍𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐨𝐬𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐢𝐧𝐜𝐢𝐩𝐞 ⤵️
Cette affaire-ci est un véritable tournant porteur d’une jurisprudence fondatrice soit d’un musellement légalisé de la presse sénégalaise, soit d’un environnement de travail où les journalistes continuent de s’épanouir sous le contrôle de leurs pairs et des principes de liberté/responsabilité conformes aux fondamentaux de leur métier. Ce qui se joue ici et maintenant est donc d’une gravité exceptionnelle pour l’avenir de la presse, des journalistes, de la liberté d’information, du droit à l’information pour le public. Avons-nous encore le pouvoir d’informer les Sénégalais en toute liberté ? Avons-nous toujours le pouvoir de choisir, en toute liberté, les orientations d’une mission de service public chevillée à la défense de l’intérêt général ? Avons-nous le pouvoir de refuser les injonctions – aimables ou directrices – qui infiltrent notre profession en la caporalisant au service d’intérêts privés couverts du manteau de la puissance publique ? Les « OUI » à ces questions ne dépendent que de nous, journalistes, et de tous les démembrements du peuple sénégalais attachés aux libertés de presse et d’expression. Les « NON » aussi.
____#FreePapeAleNiang #Senegal #Kebetu #Libertedexpression #presse #media pic.twitter.com/iBMpUfRBSM— La Maison Des Reporters (@LesReporterSn) November 10, 2022
Les soubassements politico-revanchards qui caractérisent ce dossier puent à dix mille lieux. Leur évidence est grotesque et manifeste. Ils sont les préliminaires d’une offensive visant à réduire au silence toutes sortes de contestations de nature à mettre en cause la volonté de puissance qui sous-tend la gouvernance actuelle du Sénégal. Les puissants enjeux politiques qui pointent à l’horizon, en particulier l’élection présidentielle de février 2024, en sont LA RAISON ESSENTIELLE. Les médias encore libres en sont LES CIBLES.
Après avoir fait semblant de dormir, le « Monstre » a dû quitter l’état de somnolence pour reprendre du service. La violence et la détermination avec lesquelles il a fait boucler en quatre jours l’étape d’incarcération de Pape Alé Niang menace fondamentalement la profession de journaliste, mais aussi le droit à l’information des Sénégalais. Du reste, il se satisferait bien que les journalistes sénégalais se transforment en chroniqueurs de chiens écrasés, de ragots de comptoir, de faits divers spectaculaires… loin des problématiques qui structurent l’état réel du pays.
Mais « Le Monstre » doit se convaincre – et définitivement – que les journalistes sénégalais n’acceptent pas d’être les victimes expiatoires des dysfonctionnements de ses pratiques politiciennes. Les hommes et femmes des médias qui ont fait le choix de servir l’intérêt public général n’ont pas vocation à être les otages de concepts fourre-tout dont les finalités servent en fin de compte l’affairisme de groupuscules privés de politiciens publics. C’est rigoureusement impensable !
Pape Alé Niang ne méritait pas un instant de passer une seule nuit en prison. Les motifs inavoués de son embastillement relèvent de l’instrumentalisation flagrante d’une justice au sein de laquelle l’hyper-puissance d’une marionnette enchantée dénommée Parquet a décidé de réduire nos libertés à leur plus petite expression, sur ordre d’un pouvoir politique en stage d’autoritarisme. Ce ne sont pas seulement les journalistes et les activistes qui font les frais de ces dérives liberticides, c’est aussi une certaine idée de la démocratie et de la séparation réelle des pouvoirs qui est en train d’être anéantie.
Avant d’être assassiné par des mercenaires du régime de Blaise Compaoré, le journaliste d’investigation burkinabè Norbert Zongo écrivait en 1993 que « les peuples comme les hommes finissent toujours par payer leurs compromissions politiques : avec des larmes parfois, du sang souvent, mais toujours dans la douleur. »
Pour nous Sénégalais, il est encore temps de réagir !
𝐋𝐢𝐛é𝐫𝐞𝐳 𝐏𝐚𝐩𝐞 𝐀𝐥é 𝐍𝐢𝐚𝐧𝐠 !
𝐏𝐀𝐍 ! 𝐀 𝐛𝐚𝐬 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐬𝐭𝐫𝐞 !

Tribune – « A mes confrères, il y a urgence démocratique », par Moussa Ngom, journaliste

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