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“La laïcité, un tabou étranger à notre culture” par Pr Mary Teuw Niane

« Dans nos tropiques africains francophones, la laïcité est la plus grande arnaque politique, sociale et culturelle que les pères fondateurs de notre constitution nous ont léguée ».

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« La République du Sénégal est laïque , … » sont les premiers mots de l’Article Premier de notre Constitution.

Depuis plus d’un demi siècle, nous acceptons comme une évidence, une vérité absolue, une vérité universelle, cette assertion que peu de personnes ont osé questionner, encore moins remis en cause.

Seuls quelques religieux, très rapidement rangés dans l’extrémisme religieux, ont élevé leurs voix pour demander la suppression de l’inscription de la laïcité dans notre constitution.

Le temps, l’habitude et les leçons apprises à l’école élémentaire ont fait faussement de la laïcité une évidence, presque une identité sénégalaise.

Les intellectuels de ce pays se taisent par ignorance ou s’autocensurent face à cet immense tabou qui les dépasse.

Une minorité agissante de nos élites s’alignent sur les positions des puissantes forces de l’ombre qu’ils pensent contrôler, en grande partie, les carrières et les rayonnements internationaux dont ils aspirent .

Face à la crise culturelle, idéologique et à la crise des valeurs qui minent notre société, il incombe à chaque sénégalaise et à chaque sénégalais de faire un diagnostique courageux de notre société et de tout ce qui la structure pour mettre en évidence les causes du mal et les moyens de le conjurer.

Depuis plusieurs publications j’assume mon devoir d’inventaire critique.

Je découvre, au fur et à mesure que j’avance dans mes recherches, d’ailleurs souvent avec beaucoup de surprise, des conceptions, des idées et des pratiques, naturellement acceptées unanimement, qui, en réalité, n’étaient pas si évidentes, si naturelles et encore moins universelles.

Le transfert de l’universalisme des lois de la nature notamment de la physique aux sociétés, aux cultures et aux relations internationales est la plus grande supercherie du vingtième siècle et de ce premier quart du vingt unième siècle.

Dans nos tropiques africains francophones, la laïcité est la plus grande arnaque politique, sociale et culturelle que les pères fondateurs de notre constitution nous ont léguée.

Ces mots durs vont choquer beaucoup de consciences innocentes mal préparées, comme moi il y a quelques années.

Ils vont penser que j’ai perdu la tête. Il y aura des intellectuels bien pensants, gardiens des temples invisibles de notre déperdition et de notre désintégration culturelle et morale qui prendront la parole pour tenter de m’anéantir intellectuellement et, certains moralement.

Comme Archimède avec la poussée de l’eau, comme Galilée avec la terre qui tourne autour du Soleil, comme Newton avec la loi fondamentale de la dynamique, comme Einstein avec la relativité restreinte, comme Cheikh Anta DIOP avec l’origine nègre de la civilisation égyptienne pharaonique, il faut reconnaître que la laïcité est une exception française qui ne s’applique même pas sur tout le territoire français.

En effet sur les vingt-sept (27) pays de l’Union Européenne (UE), la France est le seul pays qui a inscrit le principe de la laïcité dans sa constitution.

Le principe de la séparation des Églises et de l’État n’est inscrit que dans la constitution de huit (8) pays au niveau de l’Union Européenne : Hongrie, Lettonie, Portugal, Tchéquie, Slovaquie, Slovénie, Suède et France.

L’UE compte six (6) pays qui ont dans leur constitution le principe de la Religion d’État: Danemark, Finlande, Norvège, Grande Bretagne, Malte.

Ainsi, en Europe, le principe de la laïcité est une exception française.

En Afrique et dans le Monde, le principe de la laïcité est quasiment inconnu à moins d’être étudié comme un des principes produit par la révolution française de 1789, fondamentalement anticléricale.

En France même, le principe de la laïcité n’est pas universel.

En effet les régions de l‘Alsace et de la Moselle sont sous le régime du Concordat.

Ainsi dans ces régions la religion est enseignée au primaire et au collège à tous les élèves sauf à ceux dont les parents ont demandé une dispense en début d’année scolaire.

L’Université de Strasbourg a une Faculté de théologie catholique et une Faculté de théologie protestante, l’Université de Lorraine à Metz a dans son Unité de Formation et de Recherche Sciences humaines et Arts un département de théologie avec deux parcours théologie catholique et pédagogie religieuse.

Les diplômes délivrés dans les études religieuses par ces universités sont des diplômes d’État au même titre que leurs autres diplômes.

Les ministres du culte de ces deux régions (diacres, prêtres, évêques, pasteurs, pasteurs calvinistes et luthériens, rabbins) sont rémunérés par l’État français.

Les Évêques de Metz et de Strasbourg sont nommés par décret du Président de la République française et rémunérés par l’État français.

Comment comprendre qu’un pays comme le Sénégal, qui a une culture religieuse profondément enracinée dans la société et la culture, puisse inscrire dans sa constitution un principe anticlérical, adopté dans un infime nombre de pays, qui n’est même universel dans son pays d’origine.

L’inscription du principe de la laïcité dans la Constitution de notre pays est une grave anomalie, une supercherie et un affichage pour plaire à certaines forces occultes qui en font un de leurs cheval de bataille.

C’est aussi et surtout le moyen invisible de couper le cordon ombilical des religions avec notre société. Ceci malgré le fait que la religion joue un rôle fondamental dans la formation de notre jeunesse et la construction de sa personnalité.

Les pouvoirs qui se sont succédé, consciemment ou inconsciemment, ont été de vrais tartuffes, souteneurs des communautés religieuses au niveau national et agitateurs du drapeau de la séparation de l’État avec les religions dans les conclaves où il est de bon ton d’assumer la laïcité de l’État.

Pour restaurer nos meilleures valeurs de culture, contribuer au redressement moral de notre société, affirmer notre identité et notre confiance en soi, le principe de la laïcité devra être enlevé de la Constitution.

La laïcité devra être remplacée par exemple par:« l’État devra accompagner les sénégalais dans la connaissance et l’exercice de leurs religions et il devra aussi assurer un égal traitement des sénégalais par rapport à leurs religions ».

Sur le chemin de la reconquête de notre identité, de nos meilleures valeurs morales et culturelles, les religions occupent une place primordiale.

Dakar, mercredi 14 septembre 2022
Mary Teuw Niane

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[FACT-CHECKING] – Présidentielle de 2024 au Sénégal : attention, ce prétendu sondage diffusé sur les réseaux sociaux n’est pas authentifié

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Un internaute identifié comme Luka Malle a partagé le 19 mars 2024 sur le réseau social X (ex-Twitter) une infographie évoquant un sondage sur les candidats qui arriveraient en tête à l’issue de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 au Sénégal.

D’après l’illustration qu’il a publiée, cette enquête d’opinion aurait été conduite par un « Centre d’études politiques international ». Ses résultats supposés placeraient en tête Bassirou Diomaye Faye, candidat d’une coalition autour de l’opposant Ousmane Sonko, devant quatre autres postulants (trois autres de l’opposition et celui de la coalition au pouvoir).

« Selon le Centre d’études politiques international, le peuple du 🇸🇳# Sénégal favorisera Bassirou Diomaye Faye lors de la prochaine élection présidentielle. Faye, candidat d’@SonkoOfficiel, symbolise la lutte pour la liberté et la justice sociale », peut-on lire dans son tweet.

L’alliance de fact-checkeurs pour l’élection présidentielle de 2024 au Sénégal, #SaytuSEN2024, a interrogé Luka Malle via ex-Twitter sur l’origine de cette enquête qualitative et ses prétendues conclusions. Il a répondu que ce sondage « n’a peut-être pas encore été publié ». « J’ai partagé les données préliminaires avec mes abonnés », a ajouté cet internaute, sans plus de détails.

Autre élément à noter : des recherches poussées sur internet n’ont permis de trouver aucune trace du « Centre d’études politiques international » présenté comme l’auteur de ce « sondage ».

Contacté par #SaytuSEN2024, le Sénégalais Mountaga Cissé (@mountcisse), spécialiste des médias numériques et analyste des technologies, médias et télécommunications, a déclaré : « En aucune façon, ce sondage ne peut être légitime ».

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M. Cissé soupçonne par ailleurs l’auteur de ce prétendu sondage d’avoir utilisé les données de recherche des tendances en nombre de visionnages des vidéos du journal de la campagne pour la présidentielle de 2024, qu’il partage quotidiennement sur le réseau social X

Sur les sondages politiques en période préélectorale au Sénégal

Au Sénégal, une loi en vigueur depuis 1986 interdit les sondages d’opinion en période préélectorale.

Jusqu’à la publication de cet article, nous n’avons pas été en mesure de nous procurer une copie de cette loi (Loi numéro 1986/16 du 14 avril 1986) ou celle de son décret d’application, le site officiel contenant cette archive était inaccessible lors de nos multiples tentatives).

Des extraits figurent cependant dans un article sur le sujet publié le 9 novembre 2011 par le diffuseur public français Radio France Internationale (RFI) sur son site. « La publication ou la diffusion de tout sondage d’opinion ayant un rapport direct ou indirect avec un référendum ou une élection réglementée par le Code électoral est interdite à compter de la date de publication au journal officiel du décret portant convocation du corps électoral jusqu’à la publication définitive des résultats du scrutin », stipule le texte de cette loi. 

Sur l’auteur de la publication vérifiée sur ex-Twitter

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Le prétendu sondage rapporté par l’internaute Luka Malle a été évoqué par le journal panafricain Jeune Afrique dans un article daté du 19 mars 2024 publié sur son site (en accès payant).

Avant ce cas plaçant en tête Bassirou Diomaye Faye, de la Coalition Diomaye président, dans les hypothétiques intentions de vote, d’autres enquêtes d’opinions supposées avaient circulé, donnant l’avantage à l’ancien Premier ministre Amadou Ba, candidat de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (BBY), ou à l’ancien ministre et ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall (opposition), rappelle Jeune Afrique. Il s’agit de « sondages fantaisistes », indique-t-il.

Africa Check a publié des articles évoquant certains de ces prétendus sondages (1, 2).

D’après Jeune Afrique, l’auteur de la publication sur le sondage non authentifié en faveur du candidat Bassirou Diomaye Faye « dissimule un compte de propagande satellite de la firme russe de mercenaires Wagner ».

« Le groupe Wagner est une société militaire privée russe fondée en 2014 par Evgueni Prigojine, un proche du président russe Vladimir Poutine, et par Dmitri Outkine, ancien agent du renseignement russe », explique le magazine francophone Courrier international dans la présentation d’un dossier sur son site compilant des articles sur le sujet. De même source, ce groupe « a notamment été actif lors de la guerre civile syrienne puis dans d’autres zones de conflits où Moscou ne peut déployer une force régulière » : Mali, Libye, Centrafrique, Ukraine, entre autres pays, puis « la société s’est diversifiée en étendant ses activités dans la prospection minière, en Afrique notamment ».

Prigojine et Outkine ont péri dans un accident d’avion en août 2023.

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D’après un spécialiste de ces questions, le chercheur italien Alessandro Arduino, cité par le média indépendant The Conversation, après le décès des chefs de Wagner, une transformation était en cours au sein du groupe, dont les activités en Afrique « sont désormais placées sous la supervision directe du ministère russe de la Défense ». Et « dans le cadre de cette transformation, le ministère de la Défense l’a rebaptisé Africa Corps », a-t-il affirmé dans cet article publié le 20 février 2024.

En 2023, All Eyes On Wagner, un projet d’investigation sur des renseignements en sources ouvertes sur les activités de Wagner, avait également établi un lien entre le compte Luka Malle ayant publié le sondage non authentifié et le groupe armé russe. Ce compte est une « personne qui n’existe pas, mais est citée jusque dans les médias russes de Wagner », peut-on lire dans un article publié le 3 août 2023 sur le site du projet. All Eyes On Wagner l’évoque aussi dans des publications sur ex-Twitter depuis 2023.

Cet article est produit par l’Alliance des vérificateurs de faits pour l’élection présidentielle sénégalaise de 2024, #SaytuSEN2024, un groupe de fact-checkeurs de médias et d’organisations de la société civile qui luttent contre la désinformation concernant les élections.

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