Fact-Checking
[Vérification] – Cette vidéo de poisson à tête de vache est générée par IA
Au Sénégal, une vidéo montrant prétendument un poisson avec une tête de vache échoué sur une plage a largement circulé sur les réseaux sociaux. Certains internautes, convaincus qu’il s’agissait d’un « miracle », ont interprété cette vidéo virale comme « un signe annonciateur de la fin du monde ». Cependant, il n’en est rien : ces images ont été générées par une intelligence artificielle. Explications à lire.
Le 9 juillet 2024, la page Facebook « Le Dakarois 221 » a publié une vidéo de 14 secondes montrant un animal ressemblant à un mélange de poisson et de vache, déchu sur une plage. La séquence est accompagnée du commentaire suivant : « Et si c’était un des signes annonciateurs de la fin du monde ??? ». Cette vidéo est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, notamment Facebook (1, 2). D’ailleurs, la publication de « Le Dakarois 221 » a été partagé 129 fois le 12 juillet 2024.
La page « Le Dakarois 221 » se présente comme une société de médias basée à Dakar, Sénégal, créée le 14 novembre 2019. Elle est gérée par des personnes au Sénégal.
Dans les commentaires, certains internautes suggèrent que la vidéo pourrait être une création d’intelligence artificielle.
Le jour où la vidéo a fait surface, un autre internaute sénégalais l’a également partagée sur Facebook. Dans les commentaires, un utilisateur a partagé une capture d’écran d’une vidéo de la même nature que celle que nous vérifions, postée par la page « natural lov ». En visitant cette page, on découvre qu’elle a partagé la vidéo en question sous forme de reels le 7 juillet 2024.
« natural lov » est une page mexicaine, créée le 9 mars 2024, et suivie par plus de 38 000 personnes. Elle se définit comme un créateur digital. Depuis sa création, elle partage des images et vidéos apparemment générées par intelligence artificielle. En parcourant la page, nous avons trouvé plusieurs vidéos montrant des espèces animales inexistantes, telles qu’un poisson avec une tête de porc ou de tigre. On y trouve également un chien ayant une tête de poule et des créations dans le même esprit que la vidéo que nous vérifions.
Indices révélateurs d’un contenu généré par intelligence artificielle
En examinant de plus près la vidéo, plusieurs indices visuels indiquent qu’elle a été créée par une intelligence artificielle, même si nous ne pouvons pas déterminer le programme exact utilisé. Par exemple, l’une des personnes dans la vidéo a trois pieds, ce qui devient évident lorsqu’elle se déplace.
Ces anomalies visuelles sont typiques des images générées par IA, explique Jean le Roux, chercheur associé au Digital Forensic Research Lab (DFRLab), à l’organisation de fact-checking Africa Check dans un article publié.
Nous avons également soumis la vidéo à Victor Baissait, spécialiste des images générées par IA. « C’est clairement de l’IA, une personne a trois pieds notamment », a-t-il souligné, le 11 juillet 2024, via messagerie sur X, joignant sa réponse d’une capture d’écran de la personne aux trois pieds.
En outre, Arojinle est un chercheur spécialiste de la faune, très actif sur le réseau social X. Sur son compte, il publie des contenus en rapport avec les animaux, des histoires, des vidéos et des informations étonnantes sur la faune. Le 8 juillet 2024, pour prendre les devants et avertir les internautes, il a publié la vidéo que nous vérifions, ainsi qu’une autre vidéo du même type, avec la précision suivante : « Avant que les blogs ne commencent à les publier avec la légende « De quel animal s’agit-il ? » Et vous commencez à me taguer, je me présente en premier pour vous dire que ce sont (les deux vidéos qu’il a publiées, NDLR) des faux. »
Conclusion : La vidéo a été générée par une intelligence artificielle (IA). Victor Baissait, spécialiste des images IA, nous a relevé des anomalies visuelles typiques des IA, comme une personne ayant trois pieds.
Fatoumata Bintou Ba
La rédaction de Sétanal Media
Cette production a été réalisée avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre du projet « Jumelage entre initiatives francophones de lutte contre la désinformation ».

Actualité
AKILI : une appli alliant IA et journalisme pour lutter contre la désinformation en Afrique francophone

Lancement officiel : 6 février 2025
La propagation des fausses informations est un fléau qui fragilise les sociétés africaines. En réponse à ce défi majeur, AKILI, une application révolutionnaire, voit le jour. Conçue pour contrer la désinformation grâce à l’intelligence artificielle et au savoir-faire de journalistes fact-checkeurs, AKILI se positionne comme un outil essentiel pour renforcer la crédibilité de l’information en Afrique francophone.
Une initiative soutenue par l’Organisation Internationale de la Francophonie
Le projet AKILI est le fruit d’une collaboration entre Tama Média, La Voix de Mopti et Sétanal Média, avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Ce programme innovant s’inscrit dans l’initiative « Jumelage entre initiatives francophones de lutte contre la désinformation », visant à fournir des solutions adaptées et accessibles pour freiner la prolifération des fake news.
Une technologie avancée au service de la vérité
Développée par une équipe ivoirienne de l’entreprise INEXIUMUS, AKILI allie intelligence artificielle et vérification humaine pour offrir une solution fiable et interactive. L’application dispose d’un chatbot intelligent, capable d’interagir avec les utilisateurs pour analyser et vérifier les informations en temps réel. Lorsque les algorithmes ne peuvent pas trancher, des journalistes fact-checkeurs prennent le relais pour garantir une validation rigoureuse.
Des fonctionnalités clés pour un vérificateur d’information efficace
AKILI propose plusieurs outils essentiels pour permettre à chacun de vérifier la fiabilité des informations :
- Vérification automatique : en insérant un lien, l’application analyse instantanément la véracité de l’article.
- Interaction avec un chatbot : les utilisateurs peuvent poser leurs questions via texte
- Accès à des experts : si un doute subsiste, un journaliste fact-checkeur est sollicité pour une analyse approfondie.
- Contenus éducatifs : podcasts, vidéos et articles en français et dans plusieurs langues africaines pour sensibiliser aux mécanismes de la désinformation.
Un ancrage local pour une portée globale
AKILI ne se contente pas de proposer un simple outil de fact-checking. Elle adopte une approche participative en impliquant les utilisateurs dans son amélioration continue. L’application met aussi un point d’honneur à respecter les réalités culturelles africaines, avec une interface intuitive et la future intégration de vérifications en Fulfuldé, Bambara, Wolof, Lingala et Swahili.
Un appel à la participation pour renforcer AKILI
Actuellement disponible en première version, AKILI invite le public à la tester afin de perfectionner ses performances. Chaque interaction contribue à améliorer l’algorithme et à affiner les réponses. En participant, les utilisateurs deviennent acteurs de la lutte contre la désinformation.
En savoir plus
Pour tester AKILI et en apprendre davantage sur cette initiative, rendez-vous sur : www.akilicheck.com
Partenaires du projet :
- Tama Média : www.tamamedia.com
- Sétanal Média : www.setanal.com
- La Voix de Mopti : www.lavoixdemopti.com
Partenaire financier :
- Organisation Internationale de la Francophonie : www.francophonie.org
AKILI marque un tournant dans la lutte contre la désinformation en Afrique francophone. En alliant technologie et expertise humaine, cette application contribue à restaurer la confiance du public envers les médias et à renforcer un écosystème informationnel plus sûr et transparent.